La Puissance au XXIe siècle:L'analyse de Pierre Buhler

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Dans la « grammaire de la puissance », la variable décisive est la vitesse, le rythme, la capacité d’adaptation et plus encore l’innovation, pas seulement technologique, mais aussi sociale, économique et intellectuelle.

Le lien entre activité guerrière et formation de l’Etat est indispensable pour expliquer les modalités de développement de l’Etat.

Les grandes aires politiques du monde antique ont, au début de l’ère chrétienne, atteint leur configuration impériale, Rome étant la dernière à parvenir à maturité. En Inde, l’Empire est parachevé sous le règne d’Ashoka (-272 à -321), la Chine est unifiée en -221 sous l’Empereur Qin Che Huangdi, à l’issue d’un processus millénaire. Selon jean Bachler (Esquisse d’une histoire universelle), pour qui l’impérialisation tend à épouser les contours des grandes aires culturelles existantes, la chine est la « perfection de l’empire » car regroupant à la fin du IIIe siècle av JC les « 18 provinces » liées par un fort continuum géographique et culturel Empire romain serait en revanche une aberration car mordant sur trois aires culturelles (européenne, nord-africaine et asiatique) différenciées.

Apres s’être stabilisé au faite de sa puissance, durant les deux premiers siècles de l’ère chrétienne, l’empire romain se disloque sous l’effet de différentes causes ayant donné lieu à débats :décadence,émollience de la « bonne vie »,perte de pugnacité des élites,corruption,exacerbation des inégalités, pressions extérieures, incursions barbares, décalage croissant entre ressources fiscales et dépenses nécessaires à l’entretien de l’empire, diffusion d’une religion fondamentalement pacifiste ,le christianisme. La dislocation commence avec le scindage en deux ensembles avec en 330 l’émergence de Constantinople en tant que seconde capitale, puis en 395 la séparation consommée  entre ces deux aires culturelles.

Ensuite Rome subit l’invasion des seigneurs de guerre à qui ils ont eux-mêmes communiqué les méthodes de conquête : mise à sac de Rome par les Wisigoths en 410, par les Vandales en 455 et les Suèves en 472.

Rome également victime de la conquête des partisans de Mahomet qui conquièrent grâce à une cavalerie puissante l’Afrique du Nord et l’Espagne, et le moyen orient aux dépends de la Perse sassanide et de l’Empire Romain d’Orient. Leur progression fulgurant n’est arrêtée qu’à Poitiers en 732 et à Constantinople en 718.Mais un immense empire est ainsi constitué qui se morcelle ensuite rapidement dès la chute des Omeyades en 750 mais dont resteront des Etats indépendants liés par une unité culturelle et religieuse.

Ensuite le Moyen Age européen réfractaire à toute intégration impériale donne lieu à l’émergence d’Etats souverains par la guerre ou par « mariage politique » et aux combats ou rivalités permanents entre eux.

A partir du traité de Westphalie(1648) qui met fin aux guerres pour la puissance ou pour motifs religieux (avec le paroxysme de la guerre de Trente ans et après les guerres hussites en Boheme-1419 à 1436 ; guerre des deux roses en Angleterre-1450-1485 ; guerre des Paysans en Allemagne (1524-1525) ; guerres de religion en France (1562-1598) 

Et qui rejette la religion comme principe d’ordre dans les rapports entre Etats, frappe d’illégitimité toute prétention à l’hégémonie et annonce le principe d’équilibre des puissances explicitement présent dans le traité d’Utrecht(1713) : Tous les ingrédients de jeux des puissances étatiques qui existeront jusqu’au XXe siècle sont en place en Europe.

Et dans ce schéma, la guerre renforce, faconne, modèle les deux vecteurs de puissance que seront à l’avenir le capitalisme et l’Etat-nation.

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