La finance contre l'investissement,l'emploi et la croissance?

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Entre 1980 et 2014,le taux d'investissement des pays developpés passe de 25% à 20% du PIB,chute de 5 points largement imputable,par différents canaux,au comportement de la sphère financière.Et parce que l'investissement est l'un des deux facteurs (avec la demande) du développement économique,dire que la finance est responsable de la réduction du taux d'investissement c'est également dire que la finance est à l'origine d'une réduction (ou d'une moindre progression) des PIB,c'est à dire de la croissance.

Mais le comportement de la sphère financière est aussi à l'origine du ralentissement du deuxieme facteur de croissance:la demande.

Car,pour assurer son dessein:le développement des profits des Entreprises de l'économie réelle et de la partie distribuée de ces profits,la finance a d'une part imposé un moderation salariale permettant de hausser les profits avant amortissements(c'est à dire avant imputations des dépenses d'investissements):Dans les pays developpés,la part des salaires dans la valeur ajoutée passe ainsi de 65% à moins de 60% entre 1960 et 2014;cette atonie salariale joue directement sur l'affaiblissement de la demande.

D'autre part aux entreprises de réduire leurs investissements aux seuls projets dont la rentabilité dépasse un certain seuil,de plus en plus élevé,une moyenne toujours en hausse de la rentabilité des investissements du secteur,entrainant une réduction des projets d'investissements mis en oeuvre.

Cette stratégie à double détente permet de maximiser les dividendes distribués:La part des revenus distribués dans l'EBE (excedent brut d'exploitation) des entreprises non financières françaises passe ainsi de 17%(1960) à 29%(2014).Ce developpement  des dividendes implique une hausse des cours des titres et donc un deuxieme enrichissement des actionnaires qui se fait ainsi au détriment d'abord de l'emploi(effet de la chute des investissements) et au final de la croissance.

Pour que ce mécanisme joue à cette échelle-celle de l'ensemble des pays developpés_ ,il fallait que le contexte juridique s'y prete.Il fallait d'autre part que le comportement de la sphère financiere s'homogeneise dans le sens mentionné.

La finance a ainsi mis en place un certain nombre d'institutions inamicales envers les investissements productifs des entreprises et donc envers la croissance et l'emploi.Pour qu'on en soit arrivé là,il fallait que le contexte juridique s'y prete:Bill Clinton fait sauter les barrieres entre banque commerciale et banque d'investissement(Gramm-Leach- Bliley Act 1999),séparation qui avait été introduite par le Glass-Steagall Act de 1933.Mais les institutions,qui donnent la capacité juridique à faire ne suffisent pas,il fallait ensuite circonvenir les acteurs economiques :la finance a ainsi peu à peu intégré ceux qui décident des investissements -les dirigeants d'entreprises- dans sa stratégie,c'est à dire celle des actionnaires principaux qu'elle est devenu.Et cette stratégie est celle d'une liquidité des capitaux maximale pour un rendement lui aussi maximal et immédiat.

Depuis 1926 à Wall Street on peut acheter des titres à crédit,et compter sur l'appréciation des cours pour rembourser le crédit et faire du profit(en revendant les titres).Pour qu'il y ait profit,il faut qu'il y ait effet de levier c'est à dire que le taux de croissance de la valeur(donnée par le cours boursier) des titres soit supérieur au taux d'intéret du crédit souscrit pour acheter.

En periode de croissance boursière ce mécanisme peut donc jouer en faveur des acheteurs de titres à crédit.Mais dès lors que les cours boursiers chutent et/ou que les taux d'intéret s'envolent,les plus values sur titres se transforment en moins value.Et l'on sait que,souvent,une premiere chute de cours incite une première vague d'investisseurs à vendre (afin de limiter leur moins value ou de préserver leur plus value)ce qui entraine une nouvelle chute du cours et accèlère le mouvement.Dans ce contexte les acheteurs de titres à crédit se ruinent puisqu'ils paient par endettement des titres qui ont de moins en moins de valeur.

C'est ce mécanisme baissier qui a opéré lors de la crise de 1929,les cours ayant alors chuté de plus de 40%.Cette crise implique un re-assujetissement de la finance à la politique économique laquelle se traduit par des mesures de régulation des marchés financiers dont l'interdiction faite aux banques de spéculer avec l'argent des déposants(Glass Steagall Act 1933).

 

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